Bateaux et mariniers du pays

Dans cette rubrique, nous souhaitons regrouper et partager la mémoire des bateaux et celle des familles de mariniers qui ont marqué l’histoire du village. Nous vous remercions par avance d’apporter vos contributions pour enrichir le souvenir (utiliser notre mail : envoyez nous vos témoignages, vos photos…) : les plus anciens se souviendront des remorqueurs de capitaines posiens, mais bien des devises de péniches résonnent pour la plupart d’entre nous, dont les bateaux font ou faisaient des escales ou passaient chez nous, et dont beaucoup de leurs mariniers ont mis pied à terre à Poses : Jo-Pa, Léo-Mi, Midway, Mékong, Circé, Ourson, Archange, Any-And, Capria, Bismarck… pour les plus « contemporains » et puis des pousseurs, des caboteurs.

Mariage d’abord et « d’abord »

Témoignage d’un mariage de bateliers tant connu ici, il y a « quelques » années. Bateaux pavoisés, et « tête-bêche », passerelle décorée de fleurs à la cale du bac de Poses, et bateaux cornant. Quelques souvenirs du mariage de Gladys de Gérard Salm.

Photos Hubert Labrouche

Des radeaux de bois du Jura jusque Paris, et de la vie sur les bateaux hâlés…

Récits d’Albert SALM, ancien Posien, le papa de Gérard, au sujet de son grand père (d’après récits racontés à Hubert LABROUCHE et relatant des souvenirs de la première moitié du XIXe siècle).
« Il a passé son enfance sur un « bateau à chevaux » sur la Saône : « Ca date de vieux quand on montait la Seine aux chevaux ».
Les trains de bois de mon grand-père…
Mon grand-père venait de la Lorraine. Du jura, d’où il descendait les radeaux sur Paris. Les radeaux étaient construits de sapin, et étaient attachés de clous de bois. Ils descendaient « sur nage » (au fil de l’eau) jusque Paris et étaient chargés de légumes, de vin, de pommes de terre, de toutes sortes de récoltes. Arrivés à Paris, ils se servaient du bois des radeaux pour les constructions. Eux, ils reprenaient leur musette, et ils repartaient chercher un autre radeau.
Ils guidaient le bateau : Il fallait se débrouiller avec les « retombées de l’eau » pour passer les ponts, à coups de rames, de perche à droite et à gauche. Trois, quatre cents kilomètres de descente. Ils descendaient le Nivernais, l’Yonne, la Haute-Seine et arrivaient à Paris. Ils avaient une espèce de cabane sur le radeau qui se démontait. Arrivés à Châlon-sur-Saône, les bateaux étaient mis bout à bout au quai au fur et à mesure des besoins : du charbon, des boulets, on les chargeait. Il y en avait 50, 60 tonnes là-dessus. C’était des flotteurs si vous voulez. Ils arrivaient à Paris à Saint-Louis, à Grenelle. Sauf l’hiver, à cause des gels.
Puis mon grand-père s’est modernisé : Il a eu un bateau. Il chargeait des fûts de vin à Lyon pour Liverdun, dans l’Est, pour un grand marchand de vin. Il a tellement vécu de crues sur la Saône que ça n’en finissait pas. Pour monter de Lyon, ils ont mis quatre ou cinq mois, à tel point que quand ils sont arrivés à Liverdun, le propriétaire a saisi le bateau de mon grand-père. C’est lui qui a perdu au tribunal et il a perdu son bateau. Il a travaillé à droite à gauche, et plus tard, il a racheté un bateau.
Mon père avant déjà un bateau en bois de 34 mètres qui était déjà moderne à l’époque. Ils avaient une belle cabine à l’arrière, en bois, petite naturellement et ils avaient une écurie au milieu. Et puis, il y avait un pont d’écurie. Le soir, ils lançaient le pont d’écurie : Les deux mulets, ou les deux ânes ou les deux chevaux, ils les embarquaient. Ils passaient une bonne nuit et le matin à cinq heures, selon l’époque, « hop ! » sur la berge au bout de la corde et on repartait.
C’était du Centre, du Nord et de l’Est. Sur la Seine, ici, je n’ai pas connu, ça date de vieux quand on remontait la Seine aux chevaux. A Poses, on montait le barrage avec vingt chevaux. Mon père, c’était le Nord et l’Est.
Mes parents ont eu dix-sept enfants. Ils ont eu rapidement deux bateaux, et dès que les enfants étaient un peu plus grands, ils partaient sur l’autre bateau. Mon père avait acheté son deuxième bateau avec les cinquante milles francs prêtés par des amis commerçants dont il était le meilleur client et avec un peu d’économie. J’ai perdu beaucoup de frères et sœurs. Tout le monde est né dans la cabine du bateau, ma mère n’est jamais allée à l’hôpital. Elle avait une santé de fer. Elle se couchait la dernière et se levait la première. Des fois avec les chevaux, on se levait avant cinq heures du matin et elle était déjà debout pour faire le café et les tartines avant qu’on ne sorte les chevaux du bateau. Il fallait commencer par leur donner de l’avoine, une botte de foin, les deux seaux d’eau. Et une heure après, ils partaient sur le chemin de halage. On avait des mulets que mon père avait achetés à l’armée américaine après la guerre de 1914-1918 : De bons mulets. Ce mulet américain ne partait jamais travailler le matin sans un morceau de sucre. Et à midi, quand on était dans un endroit où l’on ne pouvait stationner, dans une courbe où l’on gênait les autres, le mulet nous regardait de côté : bah alors ça vient la soupe ? On l’a gardé longtemps celui-ci.
Moi, à partir de cinq ou six ans, on était derrière les chevaux. Comme ça n’allait pas assez vite, on marchait derrière les chevaux, pourvu qu’il y ait quel qu’un derrière, c’était le principal au cas et le garde venait en vélo, car le chemin de halage n’était pas large. Et si un bateau venait dans l’autre sens…
Des fois, il pleuvait toute l’après-midi et pour m’amuser, je me déchaussais encore et arrivé à l’écluse, je recevais une fessée. Ma mère, « ouais tu vas être enrhumé ! » Je m’amusais plus à marcher nu pieds qu’avec des sabots !
Le soir, on s’arrêtait : il n’y avait pas heure, sept, huit heures… Il faillait enlever les harnais, mettre le pont d’écurie, mettre les bêtes dans l’écurie, leur donner de nouveau à boire, et puis après une botte, puis l’avoine et la literie, la paille où ils se couchaient.
On se reposait dans les ports. Ils restaient enfermés dans l’écurie. Si ça durait trop longtemps, il fallait qu’on les sorte et qu’on les promène pour ne pas les engourdir. Si l’on restait par exemple une semaine, on trouvait une place, on les mettait à terre, je montais dessus et les emmenais dans une rivière où il n’y avait pas beaucoup d’eau parce qu’ils aimaient pour les faire (étriller) et pour la corne des pattes, c’était bon pour eux.
Ce que l’on a le plus fait, c’était le Nord pour le gaz de Lyon. On mettait plus d’un mois pour faire le trajet. On passait par Vitry-le-François, le canal de la Haute-Marne et à Houilley-sur-Saône, on prenait la rivière de Saône jusqu’à Lyon. On descendait aux chevaux. La Saône, « c’est des près qui viennent au bord de la Saône, ça glissait, les pauvres bêtes… ».

Des barques et des bachots à Poses…

Les barques étaient autrefois « légion » à Poses . Chaque Posien en avait une ou presque… Des plates de pêche, des « Norvégiennes » à clins, et des bachots de chêne, « la » barque du marinier, une barque solide et rustique… Pour se rendre dans les îles (certains y demeuraient de manière quasiment permanente), y ramasser les roseaux, les escargots, les noix et autres fruits… aller à la pêche, entretenir les péniches… voire même pour accompagner les vaches traversant à la nage la Seine pour rejoindre les herbages dans les îles… ou tout simplement traverser le fleuve à une époque où il n’existait pas de passerelle sur le barrage. Un passeur en barque a existé au droit de la cale du bac jusque dans les années 1950.

Les photographies suivantes en illustrent leur présence dans le village.

Carte postale (début XXe siècle) – Barques sur la place de la République
Carte postale des années 1950 – Barques à la cale du bac
Carte postale – barques au droit de l’abri du pêcheur (ex café du bac)
Carte postale (début XXe siècle) – le passeur de Poses

Les bateaux de bois demandaient un entretien régulier, calfatage à l’étoupe et la filasse, et le brai et comme le goudron de Norvège… devaient embaumer les rives pendant l’hiver et le début du printemps.

Plate de pêche : barque offerte par Guy RIVERET à l’Association de la Batellerie et remise en peinture par les bénévoles

Le bachot du marinier deviendra métallique avec le temps, barque d’abords rivetée puis soudée, et la vue suivante en présente un plan « type ».

Plan type d’un bachot (d’après inventaire matériel flottant SNS-1969)

En voici un exemple : le bachot du Fauvette.

Emplacement 61 chemin de halage - 27740 Poses Téléphone Réservations au 07 85 65 77 58 ou 02 32 61 02 13 E-mail batelleriedeposes@gmail.com Heures Ouvert du 1er avril au 30 septembre du mardi au samedi de 14h00 à 18h00. Sur réservation pour les groupes de plus de 10 personnes du 1er mars au 30 novembre. Nous contacter pour plus de renseignements. Copyright © 2019 - Association des Anciens et Amis de la Batellerie
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