Poses et la Batellerie

A la découverte de Poses…

Poses et son barrage

Le barrage de Poses est le dernier sur la Seine avant la mer. C’est le plus imposant du fleuve. Il est au pK (point kilométrique repère sur la Seine) 202 : Il est à 202 km de Notre-Dame de Paris et 165 km de la mer par le fleuve. C’est à peu près le double de la distance par la route, et les multiples méandres du fleuve expliquent cela. La marée se fait sentir à son pied avec un marnage de 2 mètres en moyenne. A marée basse, et plus particulièrement quand elle est de fort coefficient et que les débits sont faibles en été, à l’étiage, se découvrent d’immenses surfaces de pierres et de sables à l’aval du barrage : des atterrissements. Des courants s’écoulent alors avec force entre ces espaces recouverts de sables et de graviers. C’est le lieu historique du Pertuis de Poses, jadis fort connu en Basse Seine, comme l’un des plus violents et difficiles à franchir par les bateaux. C’est sur ce site que sera construit le barrage actuel.

Le premier barrage de 1850

Au XIXe siècle, le fleuve sera lourdement aménagé pour améliorer la navigation : 11 barrages couplés à des écluses seront ainsi construits entre Paris et la mer. Le premier barrage de Poses sera ainsi construit en 1850 au Mesnil de Poses, à environ 3 km en amont du barrage actuel. Il s’agira alors d’un barrage dit à aiguilles, et le chenal aménagé permettra de rejoindre les écluses historiques, situées à l’emplacement des écluses actuelles à Amfreville-sous-les-Monts en rive droite du fleuve. La hauteur de chute de l’ouvrage était alors de l’ordre de 2 mètres. Il ressemblait alors à celui de Martot (voir photographie suivante), et qui sera rapidement démantelé avec l’érection du nouveau barrage de Poses en 1885.

Le barrage actuel de 1885

A la fin du XIXe siècle, avec l’évolution des techniques et la révolution industrielle, il fut décidé de construire un nouvel ouvrage, plus moderne et équipé de cadres dits Caméré, constitué de 7 passes dont deux passes profondes navigables en période de crue. Le barrage sera construit entre 1880 et 1885. Les équipements allaient permettre de gérer une hauteur de chute moyenne de 5 mètres. Le système de cadres Caméré était équipé de rideaux de bois exotique manoeuvrables par des treuils déplaçables sur le pont de l’ouvrage.

Les structures du barrage, les piles, les passerelles et les ponts sont de l’époque de sa construction. Il mesure 280 mètres de long avec des fondations très profondes jusqu’à -10 m. Pour construire ces fondations, on utilisait déjà à l’époque des caissons métalliques à air comprimé, de grands caissons de 15 à 20 mètres de long et 2 mètres de hauteur. Sur ces caissons, se trouvaient des sas d’entrée pour faire entrer les hommes, le matériel et les matériaux, et faire sortir les terrains excavés. Ces caissons descendaient ainsi au fur et à mesure pour constituer les fondations. Cette même technique a été utilisée pour construire les 4 piles de la tour Eiffel. La construction du barrage a donc nécessité beaucoup de main d’œuvre et de temps : presque 6 ans de travail. C’est en octobre 1885 que le barrage a été achevé.

La modernisation du barrage

Depuis 1885, les superstructures demeurent mais le barrage a été modernisé. Ainsi, on retrouve en rive gauche la passe n°1, ancienne passe profonde navigable datant de 1885 avec ses cadres, éléments métalliques verticaux plongeant au fond de la Seine jusqu’au radier. Les autres passes de l’ouvrage, n° 2 à n°6, sont désormais équipées de vannes levantes à clapet et dont l’ouverture est automatisée en fonction du niveau amont. La passe n°7, en rive droite côté Ile d’Amfreville-sous-les-Monts, fut remblayée en 1940. C’est à son emplacement qu’a été aménagée la seconde passe à poissons.

Découvrez l’histoire et le fonctionnement du barrage et de ses écluses à bord du Midway :

La passe à poissons et la centrale

En 1990, fut construite une centrale hydroélectrique exploitant la hauteur de chute du barrage, exploitation dite « au fil de l’eau ». Elle est accolée au barrage en rive gauche et est équipée de 4 turbines à axe vertical représentant une puissance installée de 8 MW. Elle est inaugurée en 1992.

Une passe à poissons équipe la centrale hydroélectrique pour assurer la libre circulation des poissons, et donc de franchir le barrage. La réglementation contraint désormais sur les fleuves classés à poissons migrateurs l’aménagement de tels dispositifs.

D’une manière générale, les barrages ont été à l’origine de la disparition des poissons migrateurs sur le bassin de la Seine, dont le cycle de reproduction nécessite que les animaux atteignent leur zone de fraye situées dans les plus petits cours d’eau. La passe à poissons a donc vocation à assurer la continuité écologique, et la libre circulation des poissons migrateurs, tels que les saumons atlantique, les truites de mer, les anguilles ou les aloses par exemple. Elle est constituée de 22 bassins successifs à fentes verticales. Une chambre d’observation des poissons équipées de vitres sur les bassins de la passe est ouverte au public les week-ends pendant la saison. Un dispositif de vidéo-comptage équipe aussi la passe à poissons pour étudier sa fréquentation par les poissons et assurer le comptage des différentes espèces. Depuis quelques années, en complément, une seconde passe à poissons, plus moderne, a été installée sur la rive droite. >> En savoir plus sur la passe à poissons.


En 2015, sera inaugurée la seconde passe à poissons du barrage de Poses. Construite en rive droite, dans l’ancienne Passe 7 du barrage, c’est un ouvrage performant permettant en particulier la remontée des anguilles, composée de multiples bassins à fentes verticales et une alimentation hydraulique capable de « gérer » les marnages de la Seine en aval.

Cliquez vers le lien de la nouvelle passe à poissons !

Le passé batelier de Poses

Le Pertuis de Poses

Remontons le temps… Celui où la Seine était sauvage, c’est-à-dire avant 1850. Le niveau de l’eau au droit du « Pertuis de Poses » était 4 à 5 mètres plus bas qu’il ne l’est actuellement et un courant violent existait, des hauts fonds de graviers et de sables se déplaçaient au gré des marées et des crues…

Le halage des bateaux

De tout temps, la Seine était utilisée comme voie commerciale. Au moyen âge, Rouen était le premier port d’Europe et c’est donc dire que le fleuve constituait un axe majeur pour les échanges. Mais comment circuler par cette voie d’eau et remonter un tel fleuve ?

Avant les grands aménagements du XIXe siècle, le fleuve était « sauvage » et pour se donner une idée, il ressemblait fort probablement au cours actuel de la Loire, avec de multiples chenaux changeant au gré des crues, des hauts-fonds graveleux ou sableux à découvert en période de basses eaux, « bassiers » ou « trémates », des « râcles » zones profondes en calmes, ou encore des sites où le lit était rétrécis et où les eaux s’écoulaient avec une extrême violence : ces sites particuliers sont des pertuis. On comptait ainsi 7 principaux sites de difficultés de navigation sur la Seine entre Paris et Rouen, et Poses est justement célèbre par son pertuis, difficulté majeure de la Seine et celui de la Morue dans la région de Bezons entre Chatou et Saint-Denis.

A cette époque, les bateaux hâlés par les hommes et les chevaux étaient de bois et s’appelaient notamment des « Besognes ». Il s’agissait de bateaux de grandes dimensions, munis de très grands gouvernails : d’environ 30 à 60 m de longueur et de 175 à 600 tonnes de port et de faible tirant d’eau.

Au niveau du pertuis, le fleuve devenait extrêmement difficile. On faisait donc appel à des renforts pour dépasser le passage qui s’étendait sur près de 3 km : le dénivelé de la ligne d’eau était de l’ordre de 1,20 mètre sur cette distance. La remonte exigeait le halage par des hommes ou par des animaux de trait (chevaux le plus souvent, boeufs exceptionnels) avec du renfort au niveau des hauts-fonds ou des difficultés. C’est ainsi que le passage du pertuis de Poses pouvait nécessiter jusque 46 chevaux de renfort pour haler les bateaux depuis les deux rives du fleuve.

Cela a donné naissance à une profession particulière : celle de charretier de rivière. Ces hommes étaient des artisans possédant des chevaux en grand nombre qui louaient leurs services aux mariniers. Le passage s’avérait ainsi particulièrement coûteux avec une multitudes de taxes versées pour le halage, les cordes, l’amarrage… A Poses à cette époque, l’essentiel des hommes travaillait ainsi au service de la navigation sur le fleuve.

Le Pertuis et la navigation avant le barrage, c’étai quoi ?

Selon une notice explicative titrée « La Seine au début du XIXe siècle » étayées sur les rapports édités sous la Convention Nationale de 1894.

Les conditions de navigation sur la Seine au début du XIXe siècle étaient les suivantes :
« La rivière libre (pas de barrage, pas d’écluses) offrait à l’étiage (basses eaux d’été) un mouillage (profondeur) de 0,80 mètre par endroit entre Paris et Rouen entravant beaucoup la navigation pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois par an.
A l’étiage, entre Poses et Saint-Aubin-lès-Elbeuf, le fleuve avait comme pente moyenne 0,15 mètre par kilomètre. Parfois, cette pente était portée à 0,28 voire 0,89 mètre par kilomètre au voisinage de Pont-de-l’Arche où heureusement une écluse avait été créée sur la rive droite, côté Igoville en 1812.
Dans ces conditions, avec une telle pente, la navigation était difficile : le flot (la marée) se faisait sentir jusqu’à Elbeuf où le marnage était de 1 mètre à 1,40 mètre, exceptionnellement jusqu’à l’embouchure de l’Oison. Le courant était tel que la marée, malgré l’absence de barrage, était pratiquement nulle à Poses : de 0,08 à 0,10 mètre. Les travaux des aménagements du barrage à Poses puis de recalibrage de la Seine et sa chenalisation dans les années 1930 avec la rectification du cours, le dragage de nombreuses îles…, en aval du barrage et jusqu’à Elbeuf notamment, modifieront sensiblement cette configuration, puisque la marée se fait désormais sentir jusqu’au pied du barrage avec un marnage moyen de l’ordre de 2 mètres.
Par ailleurs, en d’autres endroits, appelés Pertuis ou Passages, le courant très violent posait encore d’autres problèmes quasi permanents : Le Pertuis de Poses était avec celui de Vernon, le plus difficile de la Seine. Il s’agissait de passages rétrécis par des pieux ou des perrés afin de maintenir un certain niveau d’eau et où le courant était excessif.
A Poses, deux endroits peuvent être considérés comme des pertuis :

  • Pertuis au niveau de l’embouchure de l’Andelle avec 0,18 mètre de différence de niveau sur 80 mètres ;
  • Pertuis en aval du Mesnil de Poses, avec 0,02 mètre sur 40 mètres.

A cette époque de halage, afin de franchir ces passages, on devait augmenter le nombre de chevaux et le nombre d’hommes : pour un gros bateau, il faillait un renfort de 24 à 46 chevaux en plus des très nombreux hommes. A Poses, 450 hommes étaient utilisés pour le franchissement du Pertuis.
En plus de ces énormes difficultés, ce passage coûtait cher aux mariniers en paiement de chevaux, du chef de pertuis, des aides… et des droits de pertuis.
C’est pourquoi, les pouvoirs publics essayèrent de réagir à cet état de fait : en plus de ces énormes difficultés, sous la Convention Nationale en 1894 d’abord. »

De ce diagnostic, suivront de multiples projets pour « domestiquer le fleuve », avec au début un projet de canal coupant le méandre de Saint-Pierre à l’aval de Poses (qui figure d’ailleurs sur une version des cartes Cassini et qui ne verra jamais le jour), puis celui d’un bras chenalisé côté Poses, puis celui d’un barrage au Mesnil et des écluses à Amfreville-sous-les-Monts… C’est celui qui verra le jour.

Emplacement 61 chemin de halage - 27740 Poses Téléphone Réservations au 07 85 65 77 58 ou 02 32 61 02 13 E-mail batelleriedeposes@gmail.com Heures Ouvert du 1er avril au 30 septembre du mardi au samedi de 14h00 à 18h00. Sur réservation pour les groupes de plus de 10 personnes du 1er mars au 30 novembre. Nous contacter pour plus de renseignements. Copyright © 2019 - Association des Anciens et Amis de la Batellerie
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